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Retour dans le passé – un jeune Américain à l’uB dans les années 60 : témoignage

Été 1967. Jim Pell, 14 ans, arrive à Dijon avec un groupe d’Indiana State University pour apprendre le français. Quelques résidences, très peu d’arbres et 3-4 bâtiments sur le campus dijonnais. Aujourd’hui, en 2014, il s’approche de l’âge de la retraite et nous raconte ses souvenirs d’enfance.

« Ma mère était enseignante de français – elle faisait partie des professeurs qui amenaient ses étudiants d’Indiana State University à Dijon pour quelques semaines d’été pour qu’ils améliorent leur français et elle m’a pris avec elle. Je ne parlais presque pas français et je me suis inscrit au cours débutant international de vacances. Je n’avais jamais auparavant vécu une chose pareille. Ce fut la meilleure expérience d’apprentissage de ma vie. »

Les étudiants d’Indiana State University venaient régulièrement chaque été pendant de nombreuses année à Dijon pour suivre des cours de français proposés par le Centre international d’études françaises (CIEF), anciennement appelé Comité de patronage des étudiants étrangers près de l’Université de Dijon.

Jim a commencé à étudier le français un an avant d’arriver à Dijon. Il avait des notes moyennes, mais après son séjour à l’école d’été à Dijon il n’a obtenu que des notes excellentes.

Les gens de ma classe à Dijon venaient tous de pays différents : Islande, Allemagne, Japon, Norvège, Gambie… La seule langue que nous avions en commun était le français et nous étions obligés de communiquer en français malgré le fait que nous ne maîtrisions pas la langue. La seule personne de France n’était que le professeur.

« Au début c’était très difficile mais en six semaines là-bas j’ai appris plus que pendant plusieurs années au lycée et à la fac ici à Indiana State University. C’était une expérience très enrichissante : j’avais envie d’apprendre le français car j’ai été obligé de l’utiliser chaque jour partout. Il est tellement plus facile d’apprendre quand vous êtes motivés ! »

Jim se rappelle toujours de son livre de travail : En France comme si vous y étiez. Voix et images.

« Pendant les cours on regardait souvent des films et je me rappelle particulièrement d’un film où les personnages parlaient de Napoléon. Rappelez-vous que c’était l’époque avant les cassettes vidéo et les ordinateurs. On allait également dans le laboratoire où on utilisait les casques qui nous permettaient d’écouter les phrases et de les répéter ensuite. Une fois quand c’était mon tour de répéter une phrase, la prof m’a interrompu et m’a dit Non, ce n’est pas bon, tu parles avec un accent parisien. Pour elle je n’avais pas bien prononcé ma phrase, mais j’ai été flatté car je croyais avoir appris à imiter l’accent parisien durant le week-end passé à Paris juste avant ! »

Contacts

 Pôle International

Diplôme universitaire (DU) Passerelle – Étudiants en exil

Centre international d’études françaises
(CIEF)

Pourquoi apprendre le français ?

« Pour plusieurs raisons. Pour entrer à l’Université d’Indiana il fallait parler des langues étrangères. Les seules alternatives à l’époque étaient le latin et l’espagnol. Très peu d’écoles proposaient le français ou l’allemand. Disons que personneACTU Jim 2014 était intéressé par le latin alors la majorité des gens apprenait l’espagnol puisque le Mexique était considéré comme un pays important et l’immigration illégale ne posait pas encore de problèmes. L’image de la France était chic et sophistiquée à l’époque : la mode française, la nourriture, tout était très apprécié aux États-Unis. Le français était une langue exotique. » 

Mais la motivation de Jim pour apprendre le français va encore plus loin. « Ma mère et ma tante parlaient toutes les deux français. Ma grand-mère maternelle était le premier enfant de sa famille né aux États-Unis. Mes arrières grands-parents, tantes et oncles étaient des immigrants belges qui sont venus en Indiana dans les années 1800 pour travailler dans les mines de charbon. Leur nom de famille était L’été mais quand ils sont arrivés sur Ellis Island l’agent d’immigration a noté Lete et le nom de famille a changé. Ces liens familiaux m’ont encore plus donné envie d’apprendre le français. »

Votre niveau de français aujourd’hui ?

« Après mon séjour à Dijon j’ai continué à apprendre le français au lycée et à la fac, mais une fois diplômé ici dans l’Indiana il n’y avait pas beaucoup de possibilités pour utiliser le français. Je me demande aujourd’hui quel niveau de français j’ai – d’un enfant de 4 ans ? J’arrive encore à me faire comprendre en français, mais avec le peu de vocabulaire qui me reste j’ai du mal à comprendre les réponses. J’y arrive uniquement si la personne parle très lentement en utilisant les mots très simples. À Dijon j’ai appris beaucoup de phrases utiles comme Je voudrais un bon vin blanc ou Je voudrais une bonne chambre à deux lits, très confortable mais pas trop chère. »

L’interview avec Jim s’est déroulée en anglais par échange d’e-mails. Il nous a expliqué qu’il était toujours plus facile pour lui de parler que d’écrire en français. « Quand vous parlez français vous ne devez pas penser à l’orthographe et aux signes diacritiques. En fait, la chose la plus difficile pour moi en français était l’écriture et la prononciation de la lettre R. Malheureusement aujourd’hui j’ai oublié beaucoup de choses. Si je le regrette ? Oui. Mais quand vous avez 61 ans vous commencez à regretter beaucoup de choses que vous avez oublié de faire. »

Utilisation du français dans la vie professionnelle et privée

Après avoir obtenu une licence en télécommunications à Indiana State University, Jim a trouvé son premier travail dans la vente dans le Tennessee. En 1980 il est embauché par une entreprise d’assurance où il travaille encore aujourd’hui. « Je compte prendre ma retraire en mars 2015. Personnellement, ces dernières années je n’ai pas remarqué qu’il y avait une crise économique. »

Dans sa vie professionnelle il n’a pas eu l’occasion d’utiliser le français, mais il nous confie une anecdote de sa vie étudiante qui confirme les clichés que les étrangers ont sur les Français :

« Il s’agit d’une histoire dont je ne suis pas forcement fier et c’est un peu embarrassant. Vous devez savoir que la majorité des choses que vous voyez à la télé sur les États-Unis se produisent dans des grandes villes, mais la majorité du territoire des États-Unis est vaste et rural avec très peu de visiteurs étrangers. J’avais 18 ans et je rendais visite à un ami qui venait d’être pris dans une petite université dans un coin paumé dans l’Iowa. Après une fête, on est allé dans un concert où j’ai rencontré une fille. Sans avoir réfléchis, je lui ai dit que j’étais un étudiant français en échange. Je n’avais pas prévu ça, c’était juste une idée folle d’un jeune étudiant après avoir bu un peu de vin.

Je lui avais parlé en anglais en imitant un accent français et je lui avais fait trois bises sur les joues comme j’ai vu faire les Français quand ils rencontraient leurs amis. Elle était tellement surprise et impressionnée de rencontrer un 'vrai' étudiant français qu’elle a insisté de me présenter à toutes ses amies et elle voulait que je leur fasse des bises comme je lui avais fait. Comme je n’avais pas trop le choix je l’ai fait. Et ensuite toutes ses amies voulaient me présenter à leurs amies et je ne me rappelle plus combien de bises j’ai dû faire ce soir-là ! J’étais la star de la soirée jusqu’au moment où quelqu’un a dit Allez chercher Susan, elle parle français !. Je me suis dit Zut alors, je vais être découvert mais quand Susan est arrivée j’ai commencé à dire des phrases en français que j’avais auparavant apprises par cœur et j’ai parlé très vite pour l’impressionner et heureusement ça a marché car elle m’a dit tout embarrassée Tu parles trop vite pour que je puisse te comprendre !. Le lendemain j’avais honte de mon comportement et heureusement que son niveau de français était pire que le mien !

Quelques semaines plus tard quand ma colocataire m’a amené une lettre de notre boite aux lettres commune elle m’a dit Jacques Pell ??!! Au début je ne savais pas de quoi il s’agissait mais après je me suis rendu compte que j’ai dû dire à une de ces filles que je m’appelais Jacques. Et une d’entre elles a dû me demander mon adresse. Sa lettre était vraiment belle, elle parlait de sa famille, de leur ferme et elle m’invitait à venir les voir et leur apprendre de nouvelles choses sur la vie en France. Je n’ai jamais répondu car j’avais trop honte. Je pense que même aujourd’hui elle doit penser avoir rencontré un Français lorsqu’elle était à la fac. »

Aujourd’hui Jim est marié et père de deux enfants.

Vos impressions de…

…Dijon ?
« La seule chose dont je me rappelle est d’avoir mangé dans un restaurant dont la spécialité était le coq au vin. Mais à l’époque je pensais que le plat s’appelait coco vin. Même aujourd’hui le coq au vin reste un de mes plats préférés. »

…des gens ?
« Comme j’avais un faible niveau de français la seule personne française avec laquelle j’ai échangé était mon professeur. »

…de la culture ?
« J’ai vu plein d’églises, musées et châteaux. Je me rappelle d’une réception dans une cave de vin. Nous étions tous débout en rond en train de chanter une chanson que les Français nous avaient appris avec les mains en l’air. »
Le fameux ban bourguignon.

…de la nourriture ?
« J’ai bien aimé la cuisine française, mais j’avais quelques problèmes gastriques. »

…du campus dijonnais ?

ACTU faculte 1967 2014« Il n’y avait pas beaucoup d’arbres sur le campus, on aurait dit une plaine. J’habitais dans le pavillon Vauban, dans la chambre 430 où il y avait un lit et un bureau. J’avais avec moi une radio transistor et j’écoutais parfois la radio française. Ma chanson préférée était Mais quand le matin de Claude François. Dès fois les étudiants de ma mère m’amenaient avec eux et je me rappelle particulièrement d’un après-midi quand je suis allé prendre un verre avec eux dans un bar sur le campus. Nous passions à côté des abricotiers avec les fruits mûrs. Nous ne cultivions pas d’abricots dans l’Indiana et ça m’avais impressionné car je n’avais jamais vu d’abricots frais, juste des abricots en boîtes ou secs. Plus tard je suis allé aux toilettes dans le bar mais il n’y avait pas de pissoirs et j’ai entendu des voix de filles… J’ai paniqué car je me trouvais dans les toilettes dames, mais après je me suis rendu compte que c’était des toilettes mixte. Les toilettes mixtes n’existaient pas chez nous ! »
…des filles ?
« Je me rappelle d’une très belle fille allemande qui était dans ma classe. Elle avait les cheveux encore plus courts que Twiggy, une des plus célèbres mannequins des années 60. Je n’ai pas beaucoup parlé avec les filles car elles étaient toutes plus âgées que moi, mais je suis allé une fois à une soirée dansante ! »

Voyages pendant votre séjour

« Chaque week-end nous voyageons dans la région, en France et dans les pays voisins. On a visité Genève, Luxembourg, Monaco et Venise. Quand les cours se sont terminés, nous avons loué une voiture pour visiter Munich et Bonn, la ville natale de Beethoven. En France nous avons visité Paris et Antibes où j’ai même fêté mes 15 ans. »

Les amitiés créées pendant le séjour en France

« Je suis devenu ami avec un garçon de Keflavik en Islande car il parlait anglais, mais j’ai perdu son adresse et je n’ai pu garder le contact. À l’époque internet n’existait pas et les appels téléphoniques dans les pays étrangers coûtaient cher. Après notre interview, j’ai essayé de trouver sur Facebook quelques personnes du groupe d’étudiants de ma mère. Il y a George qui m’a répondu le lendemain en disant qu’il se souvenait de moi et du moment où il m’a accompagné pour rencontrer mon binôme de correspondance à Paris. Quelques mois avant d’arriver à Dijon ma prof du lycée nous avait proposé de faire une correspondance avec les lycéens français. J’ai écrit une lettre à mon binôme – Michelle R., une fille qui habitait à Paris mais je n’ai jamais eu de réponse. Quand nous étions à Paris, j’ai décidé de me rendre chez elle pour faire sa connaissance. Elle habitait dans le 19ème et George m’a proposé de m’accompagner car j’étais jeune, je ne parlais pas bien français et le 19ème arrondissement n’était pas un des quartiers les plus calmes de Paris. Quand nous avons trouvé l’immeuble de Michelle, une personne, je présume sa mère, nous a répondu que Michelle était en vacances au sud de la France. Je ne sais pas si c’était vrai ou pas car elle était suspicieuse et avait l’air d’avoir peur de deux Américains inconnus. »

Les différences culturelles

« Étant un jeune garçon de province venant d’un milieu très religieux il était vraiment incroyable pour moi de voir comment les gens en France étaient détendus et relaxés. À Paris j’ai vu des gens s’embrasser dans les parcs publics ce qui était surprenant ! Quand j’ai visité le Moulin rouge (avec ma mère en plus !) et quand j’ai bu du champagne dans une soirée, je me croyais dans un autre monde ! »

Un message pour les étudiants qui souhaitent ou hésitent à partir à l’étranger ?

Ils doivent absolument le faire. Ça va changer leur vie. En mieux. Ce séjour m’a tellement marqué que même 47 ans après j’estime que c’était la meilleure expérience d’apprentissage que j’ai vécu dans ma vie. Et j’espère qu’un jour je retournerai visiter la France et votre beau campus de Dijon !

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Été 1967. Jim Pell, 14 ans, arrive à Dijon avec un groupe d’Indiana State University pour apprendre le français. Quelques résidences, très peu d’arbres et 3-4 bâtiments sur le campus dijonnais. Aujourd’hui, en 2014, il s’approche de l’âge de la retraite et nous raconte ses souvenirs d’enfance.

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« Ma mère était enseignante de français - elle faisait partie des professeurs qui amenaient ses étudiants d’Indiana State University à Dijon pour quelques semaines d’été pour qu’ils améliorent leur français et elle m’a pris avec elle. Je ne parlais presque pas français et je me suis inscrit au cours débutant international de vacances. Je n’avais jamais auparavant vécu une chose pareille. Ce fut la meilleure expérience d’apprentissage de ma vie. »

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Les étudiants d’Indiana State University venaient régulièrement chaque été pendant de nombreuses année à Dijon pour suivre des cours de français proposés par le Centre international d’études françaises (CIEF), anciennement appelé Comité de patronage des étudiants étrangers près de l’Université de Dijon.

Jim a commencé à étudier le français un an avant d’arriver à Dijon. Il avait des notes moyennes, mais après son séjour à l’école d’été à Dijon il n’a obtenu que des notes excellentes.

Les gens de ma classe à Dijon venaient tous de pays différents : Islande, Allemagne, Japon, Norvège, Gambie… La seule langue que nous avions en commun était le français et nous étions obligés de communiquer en français malgré le fait que nous ne maîtrisions pas la langue. La seule personne de France n’était que le professeur.

« Au début c’était très difficile mais en six semaines là-bas j’ai appris plus que pendant plusieurs années au lycée et à la fac ici à Indiana State University. C’était une expérience très enrichissante : j’avais envie d’apprendre le français car j’ai été obligé de l’utiliser chaque jour partout. Il est tellement plus facile d’apprendre quand vous êtes motivés ! »

Jim se rappelle toujours de son livre de travail : En France comme si vous y étiez. Voix et images.

« Pendant les cours on regardait souvent des films et je me rappelle particulièrement d’un film où les personnages parlaient de Napoléon. Rappelez-vous que c’était l’époque avant les cassettes vidéo et les ordinateurs. On allait également dans le laboratoire où on utilisait les casques qui nous permettaient d’écouter les phrases et de les répéter ensuite. Une fois quand c’était mon tour de répéter une phrase, la prof m’a interrompu et m’a dit Non, ce n’est pas bon, tu parles avec un accent parisien. Pour elle je n’avais pas bien prononcé ma phrase, mais j’ai été flatté car je croyais avoir appris à imiter l’accent parisien durant le week-end passé à Paris juste avant ! »

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« Pour plusieurs raisons. Pour entrer à l’Université d’Indiana il fallait parler des langues étrangères. Les seules alternatives à l’époque étaient le latin et l’espagnol. Très peu d’écoles proposaient le français ou l’allemand. Disons que personneACTU Jim 2014 était intéressé par le latin alors la majorité des gens apprenait l’espagnol puisque le Mexique était considéré comme un pays important et l’immigration illégale ne posait pas encore de problèmes. L’image de la France était chic et sophistiquée à l’époque : la mode française, la nourriture, tout était très apprécié aux États-Unis. Le français était une langue exotique. » 

Mais la motivation de Jim pour apprendre le français va encore plus loin. « Ma mère et ma tante parlaient toutes les deux français. Ma grand-mère maternelle était le premier enfant de sa famille né aux États-Unis. Mes arrières grands-parents, tantes et oncles étaient des immigrants belges qui sont venus en Indiana dans les années 1800 pour travailler dans les mines de charbon. Leur nom de famille était L’été mais quand ils sont arrivés sur Ellis Island l’agent d’immigration a noté Lete et le nom de famille a changé. Ces liens familiaux m’ont encore plus donné envie d’apprendre le français. »

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« Après mon séjour à Dijon j’ai continué à apprendre le français au lycée et à la fac, mais une fois diplômé ici dans l’Indiana il n’y avait pas beaucoup de possibilités pour utiliser le français. Je me demande aujourd’hui quel niveau de français j’ai – d’un enfant de 4 ans ? J’arrive encore à me faire comprendre en français, mais avec le peu de vocabulaire qui me reste j’ai du mal à comprendre les réponses. J’y arrive uniquement si la personne parle très lentement en utilisant les mots très simples. À Dijon j’ai appris beaucoup de phrases utiles comme Je voudrais un bon vin blanc ou Je voudrais une bonne chambre à deux lits, très confortable mais pas trop chère. »

L’interview avec Jim s’est déroulée en anglais par échange d’e-mails. Il nous a expliqué qu’il était toujours plus facile pour lui de parler que d’écrire en français. « Quand vous parlez français vous ne devez pas penser à l’orthographe et aux signes diacritiques. En fait, la chose la plus difficile pour moi en français était l’écriture et la prononciation de la lettre R. Malheureusement aujourd’hui j’ai oublié beaucoup de choses. Si je le regrette ? Oui. Mais quand vous avez 61 ans vous commencez à regretter beaucoup de choses que vous avez oublié de faire. »

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Après avoir obtenu une licence en télécommunications à Indiana State University, Jim a trouvé son premier travail dans la vente dans le Tennessee. En 1980 il est embauché par une entreprise d’assurance où il travaille encore aujourd’hui. « Je compte prendre ma retraire en mars 2015. Personnellement, ces dernières années je n’ai pas remarqué qu’il y avait une crise économique. »

Dans sa vie professionnelle il n’a pas eu l’occasion d’utiliser le français, mais il nous confie une anecdote de sa vie étudiante qui confirme les clichés que les étrangers ont sur les Français :

"Il s’agit d’une histoire dont je ne suis pas forcement fier et c’est un peu embarrassant. Vous devez savoir que la majorité des choses que vous voyez à la télé sur les États-Unis se produisent dans des grandes villes, mais la majorité du territoire des États-Unis est vaste et rural avec très peu de visiteurs étrangers. J’avais 18 ans et je rendais visite à un ami qui venait d’être pris dans une petite université dans un coin paumé dans l’Iowa. Après une fête, on est allé dans un concert où j’ai rencontré une fille. Sans avoir réfléchis, je lui ai dit que j’étais un étudiant français en échange. Je n’avais pas prévu ça, c’était juste une idée folle d’un jeune étudiant après avoir bu un peu de vin.

Je lui avais parlé en anglais en imitant un accent français et je lui avais fait trois bises sur les joues comme j’ai vu faire les Français quand ils rencontraient leurs amis. Elle était tellement surprise et impressionnée de rencontrer un 'vrai' étudiant français qu’elle a insisté de me présenter à toutes ses amies et elle voulait que je leur fasse des bises comme je lui avais fait. Comme je n’avais pas trop le choix je l’ai fait. Et ensuite toutes ses amies voulaient me présenter à leurs amies et je ne me rappelle plus combien de bises j’ai dû faire ce soir-là ! J’étais la star de la soirée jusqu’au moment où quelqu’un a dit Allez chercher Susan, elle parle français !. Je me suis dit Zut alors, je vais être découvert mais quand Susan est arrivée j’ai commencé à dire des phrases en français que j’avais auparavant apprises par cœur et j’ai parlé très vite pour l’impressionner et heureusement ça a marché car elle m’a dit tout embarrassée Tu parles trop vite pour que je puisse te comprendre !. Le lendemain j’avais honte de mon comportement et heureusement que son niveau de français était pire que le mien !

Quelques semaines plus tard quand ma colocataire m’a amené une lettre de notre boite aux lettres commune elle m’a dit Jacques Pell ??!! Au début je ne savais pas de quoi il s’agissait mais après je me suis rendu compte que j’ai dû dire à une de ces filles que je m’appelais Jacques. Et une d’entre elles a dû me demander mon adresse. Sa lettre était vraiment belle, elle parlait de sa famille, de leur ferme et elle m’invitait à venir les voir et leur apprendre de nouvelles choses sur la vie en France. Je n’ai jamais répondu car j’avais trop honte. Je pense que même aujourd’hui elle doit penser avoir rencontré un Français lorsqu’elle était à la fac."

Aujourd’hui Jim est marié et père de deux enfants.

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…Dijon ?
« La seule chose dont je me rappelle est d’avoir mangé dans un restaurant dont la spécialité était le coq au vin. Mais à l’époque je pensais que le plat s’appelait coco vin. Même aujourd’hui le coq au vin reste un de mes plats préférés. »

…des gens ?
« Comme j’avais un faible niveau de français la seule personne française avec laquelle j’ai échangé était mon professeur. »

…de la culture ?
« J’ai vu plein d’églises, musées et châteaux. Je me rappelle d’une réception dans une cave de vin. Nous étions tous débout en rond en train de chanter une chanson que les Français nous avaient appris avec les mains en l’air. »
Le fameux ban bourguignon.

…de la nourriture ?
« J’ai bien aimé la cuisine française, mais j’avais quelques problèmes gastriques. »

…du campus dijonnais ?

ACTU faculte 1967 2014« Il n’y avait pas beaucoup d’arbres sur le campus, on aurait dit une plaine. J’habitais dans le pavillon Vauban, dans la chambre 430 où il y avait un lit et un bureau. J’avais avec moi une radio transistor et j’écoutais parfois la radio française. Ma chanson préférée était Mais quand le matin de Claude François. Dès fois les étudiants de ma mère m’amenaient avec eux et je me rappelle particulièrement d’un après-midi quand je suis allé prendre un verre avec eux dans un bar sur le campus. Nous passions à côté des abricotiers avec les fruits mûrs. Nous ne cultivions pas d’abricots dans l’Indiana et ça m’avais impressionné car je n’avais jamais vu d’abricots frais, juste des abricots en boîtes ou secs. Plus tard je suis allé aux toilettes dans le bar mais il n’y avait pas de pissoirs et j’ai entendu des voix de filles… J’ai paniqué car je me trouvais dans les toilettes dames, mais après je me suis rendu compte que c’était des toilettes mixte. Les toilettes mixtes n’existaient pas chez nous ! »
…des filles ?
« Je me rappelle d’une très belle fille allemande qui était dans ma classe. Elle avait les cheveux encore plus courts que Twiggy, une des plus célèbres mannequins des années 60. Je n’ai pas beaucoup parlé avec les filles car elles étaient toutes plus âgées que moi, mais je suis allé une fois à une soirée dansante ! »

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« Chaque week-end nous voyageons dans la région, en France et dans les pays voisins. On a visité Genève, Luxembourg, Monaco et Venise. Quand les cours se sont terminés, nous avons loué une voiture pour visiter Munich et Bonn, la ville natale de Beethoven. En France nous avons visité Paris et Antibes où j’ai même fêté mes 15 ans. »

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« Je suis devenu ami avec un garçon de Keflavik en Islande car il parlait anglais, mais j’ai perdu son adresse et je n’ai pu garder le contact. À l’époque internet n’existait pas et les appels téléphoniques dans les pays étrangers coûtaient cher. Après notre interview, j’ai essayé de trouver sur Facebook quelques personnes du groupe d’étudiants de ma mère. Il y a George qui m’a répondu le lendemain en disant qu’il se souvenait de moi et du moment où il m’a accompagné pour rencontrer mon binôme de correspondance à Paris. Quelques mois avant d’arriver à Dijon ma prof du lycée nous avait proposé de faire une correspondance avec les lycéens français. J’ai écrit une lettre à mon binôme – Michelle R., une fille qui habitait à Paris mais je n’ai jamais eu de réponse. Quand nous étions à Paris, j’ai décidé de me rendre chez elle pour faire sa connaissance. Elle habitait dans le 19ème et George m’a proposé de m’accompagner car j’étais jeune, je ne parlais pas bien français et le 19ème arrondissement n’était pas un des quartiers les plus calmes de Paris. Quand nous avons trouvé l’immeuble de Michelle, une personne, je présume sa mère, nous a répondu que Michelle était en vacances au sud de la France. Je ne sais pas si c’était vrai ou pas car elle était suspicieuse et avait l’air d’avoir peur de deux Américains inconnus. »

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« Étant un jeune garçon de province venant d’un milieu très religieux il était vraiment incroyable pour moi de voir comment les gens en France étaient détendus et relaxés. À Paris j’ai vu des gens s’embrasser dans les parcs publics ce qui était surprenant ! Quand j’ai visité le Moulin rouge (avec ma mère en plus !) et quand j’ai bu du champagne dans une soirée, je me croyais dans un autre monde ! »

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Un message pour les étudiants qui souhaitent ou hésitent à partir à l’étranger ?

Ils doivent absolument le faire. Ça va changer leur vie. En mieux. Ce séjour m’a tellement marqué que même 47 ans après j’estime que c’était la meilleure expérience d’apprentissage que j’ai vécu dans ma vie. Et j’espère qu’un jour je retournerai visiter la France et votre beau campus de Dijon !

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extrait:

Été 1967. Jim Pell, 14 ans, arrive à Dijon avec un groupe d’Indiana State University pour apprendre le français. En 1967. Quelques résidences, très peu d’arbres et 3-4 bâtiments sur le campus dijonnais. Bientôt retraité, il nous raconte aujourd’hui ses souvenirs.

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